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vous chagriner en rien, je vous assure, mon intention est de vous complaire ; je vous aime ici, je vous aimerai là-bas, je vous aimerai partout. Il n’y a point de mal à cela, me dit-elle, et je ne te défends point de m’aimer, la Vallée, mais c’est que je voudrais bien n’avoir rien à me reprocher : voilà ce que je veux dire.

Ah çà, il me reste à te parler d’une chose ; c’est d’une lettre que j’ai écrite pour toi, et que j’adresse à Mme de Fécour, à qui tu la porteras. M. de Fécour, son beau-frère, est un homme d’un très grand crédit dans les finances, il ne refuse rien à la recommandation de sa belle-sœur, et je la prie ou de te présenter à lui, ou de lui écrire en ta faveur, afin qu’il te place à Paris, et te mette en chemin de t’avancer ; il n’y a point pour toi de voie plus sûre que celle-là pour aller à la fortune.

Elle prit alors cette lettre qui était sur une table et me la donna ; à peine la tenais-je, qu’un laquais annonça une visite, et c’était Mme de Fécour elle-même.

Je vis donc entrer une assez grosse femme, de taille médiocre, qui portait une des plus furieuses gorges que j’aie jamais vu : femme d’ailleurs qui me parut sans façon ; aimant à vue de pays le plaisir et la joie, et dont je vais vous donner le portrait, puisque j’y suis.

Mme de Fécour pouvait avoir trois ou quatre années de moins que Mme de Ferval. Je crois que dans sa jeunesse elle avait été jolie ; mais ce qui