comme un valet, pendant qu’il ne l’a été qu’un moment, par hasard, et encore parce qu’il n’était pas riche, et puis citer un Pont-Neuf, me faire passer pour une folle, pour une fille sans cœur, sans conduite, et répéter tous les discours d’un prêtre qui n’en a pas agi selon Dieu dans cette occasion-ci ; car, d’où vient est-ce qu’il vous a fait tous ces contes-là ? Qu’il parle en conscience ; est-ce par religion, est-ce à cause qu’il est en peine de moi et de mes actions ? S’il a tant d’amitié pour moi, s’il s’intéresse si chrétiennement à ce qui me regarde, pourquoi donc m’a-t-il toujours laissé maltraiter par ma sœur pendant que nous demeurions toutes deux ensemble ? Y avait-il moyen de vivre avec elle ? pouvais-je y résister ? il sait bien que non : je me marie aujourd’hui ; eh bien, il aurait fallu me marier demain, et je n’aurais peut-être pas trouvé un si honnête homme. M. de la Vallée m’a sauvé la vie ; sans lui je serais peut-être morte ; il est d’aussi bonne famille que moi : que veut-on dire ? à qui en a M. Doucin ? Vraiment, l’intérêt est une belle chose ; parce que je le quitte, et qu’il n’aura plus de moi les présents que je lui faisais tous les jours, il faut qu’il me persécute sous prétexte qu’il prend part à ce qui me regarde ; il faut qu’une personne chez qui je demeure, et à qui je me suis confiée, me fasse essuyer la plus cruelle avanie du monde ; car y a-t-il rien de plus mortifiant que ce qui m’arrive ?
Là les pleurs, les sanglots, les soupirs, et tous les accents d’une douleur amère étouffèrent la voix de Mlle Habert,