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m’envier les hardes qu’on me donnait que de me croire humiliée de les recevoir. Oh ! pour cela, mademoiselle Marianne, me dit-elle à son tour d’un air un peu jaloux, il faut que vous soyez née coiffée. Au contraire, lui répondis-je, je suis née très malheureuse ; car je devrais sans comparaison être mieux que je ne suis. À propos, reprit-elle, est-il vrai que vous n’avez ni père ni mère, et que vous n’êtes l’enfant à personne ? cela est plaisant. Effectivement, lui dis-je d’un ton piqué, cela est fort réjouissant ; et si vous m’en croyez, vous m’en ferez vos compliments. Taisez-vous, idiote, lui dit Mme Dutour, qui vit que j’étais fâchée ; elle a raison de se moquer de vous ; remerciez Dieu de vous avoir conservé vos parents. Qui est-ce qui a jamais dit aux gens qu’ils sont des enfants trouvés ? J’aimerais autant qu’on me dît que je suis bâtarde.

N’était-ce pas là prendre mon parti d’une manière bien consolante ? Aussi le zèle de cette bonne femme me