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envoyât savoir si cela continuait. Il n’en fallait pas davantage.

Mais ce qui m’étonnait, c’est que Valville, de qui, dans des circonstances peut-être moins intéressantes, j’avais reçu de si fréquentes lettres qu’il joignait à celles que m’écrivait sa mère, ou qui m’avait si souvent écrit un mot dans celles de cette dame, ne se fût point avisé en cette occurrence-ci de me donner de pareilles marques d’attention.

Dans le fort de ma maladie, me disais-je, j’avoue que ses lettres n’auraient pas été de saison ; mais j’ai pensé mourir, me voici convalescente, il lui est permis de m’écrire, et il ne m’écrit point, il ne me donne aucun témoignage de sa joie.

Peut-être, dans l’état languissant où je suis encore, a-t-il cru qu’il fallait s’abstenir de m’envoyer un billet à part ; mais il aurait pu, ce me semble, prier sa mère de m’en écrire un, afin d’y joindre quelques lignes de sa main, et il ne songe à rien.

Cette négligence me fâchait ; je ne l’y reconnaissons pas. Qu’est devenu Valville ? Ce n’est plus là son cœur. Cela me chagrinait sérieusement, je n’en revenais point.

J’ai refusé jusqu’à ce jour, me dit Mlle Varthon, pendant que nos compagnes s’entretenaient, d’aller dîner chez une dame qui est l’intime amie de ma mère, et à laquelle elle m’a recommandée ; vous étiez encore trop malade, et je n’ai pas voulu vous quitter ; mais ce matin, avant que d’entrer chez vous, je lui ai enfin mandé, par un laquais