Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/494

Cette page n’a pas encore été corrigée

naissance chez lequel on m’avait portée. Et peut-être, dans le reste de mon histoire, lui aurais-je appris que ce jeune homme était celui qui l’avait secourue ; que la darne qu’elle venait de voir était sa mère ; et que je devais bientôt épouser son fils, si une converse qui entra ne nous eût pas averties qu’il était temps d’aller souper ; ce qui m’empêcha de, continuer, et de mettre au fait Mlle Varthon, qui n’y était pas encore, puisque j’en restais à l’endroit où Mme de Miran m’avait trouvée ; ainsi cette demoiselle ne pouvait appliquer rien de ce que je lui avais dit aux personnes qu’elle avait vues avec moi.

Nous allâmes donc souper. Mlle Varthon, pendant le repas, se plaignit d’un grand mal de tête, qui augmenta, et qui l’obligea, au sortir de table, de retourner dans sa chambre, où je la suivis ; mais comme elle avait besoin de repos, je la quittai après l’avoir embrassée, et rien de ce qui s’était passé pendant son évanouissement ne me revint dans l’esprit.

Je me levai le lendemain de meilleure heure qu’à mon ordinaire, pour me rendre chez elle ; on allait la saigner. Je crus que cette saignée annonçait une maladie sérieuse, et je me mis à pleurer ; elle me serra la main et me rassura. Ce n’est rien, ma chère amie, me dit-elle ; c’est une légère indisposition qui me vient d’avoir été hier fort agitée, ce qui m’a donné un peu de fièvre, et voilà tout.

Elle avait raison ; la saignée calma le sang ; le lendemain