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Aussi la belle Varthon m’écoutait-elle en me plaignant, en soupirant avec moi, en mêlant ses larmes avec les miennes ; car nous en répandions toutes deux ; elle pleurait sur moi, et je pleurais sur elle.

Je lui fis l’histoire de mon arrivée à Paris avec la sœur du curé, qui y était morte ; je traitai le caractère de cette sœur aussi dignement que je traitais mes aventures.

C’était, disais-je, une personne qui avait eu tant de dignité dans ses sentiments, dont la vertu avait été si aimable, qui m’avait élevée avec des égards si tendres, et qui était si fort au-dessus de l’état où le curé son frère et elle vivaient à la campagne (et cela était encore vrai).

Ensuite je rapportais la situation où j’étais restée après sa mort, et ce que je dis là-dessus fendait le cœur.

Le père Saint-Vincent, M. de Climal que je ne nommai point (mon respect et ma tendresse pour sa mémoire m’en auraient empêchée, quand j’en aurais eu envie), l’injure qu’il m’avait faite, son repentir, sa réparation, la Dutour même, chez qui il m’avait mise si peu convenablement pour une fille comme moi ; tout vint à sa place, aussi bien que Mme de Miran, à qui, dans cet endroit de mon récit, je ne songeai point non plus à donner d’autre nom que celui d’une dame que j’avais rencontrée, sauf à la nommer après, quand je serais hors de ce ton romanesque que j’avais pris. Je n’avais omis ni ma chute au sortir de l’église, ni le jeune homme aimable et distingué par sa