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Nous avancions pendant qu’elle parlait, et nous voici dans la cour de ma mère, d’où elle congédia cette femme de Mme de… qui nous avait suivis, et nous montâmes chez elle.

Une certaine gouvernante qui était dans la maison de Mme de Miran quand on m’y porta après ma chute au sortir de l’église, et que, si vous vous en souvenez, Valville appela pour me déchausser, n’y était plus, et de tous les domestiques, il n’y avait plus qu’un laquais de Valville qui me connût ; c’était celui qui avait suivi mon fiacre jusque chez Mme Dutour, et qui d’ailleurs m’avait déjà revue plusieurs fois, puisqu’il m’était venu rendre deux ou trois billets de Valville à mon couvent. Or ce laquais était malade ; ainsi il n’y avait là personne qui sût qui j’étais.

Et ce qui fait que je vous dis cela, c’est que, pendant que nous montions chez ma mère, je rêvais, toute joyeuse que j’étais, que j’allais trouver dans cette maison, et cette gouvernante que je vous ai rappelée, et quelques valets qui ne manqueraient pas de me reconnaître.

Ah ! c’est cette petite fille qu’on a apportée ici, et qui avait mal au pied ! vont-ils dire, pensais-je en moi-même ; c’est cette petite lingère que nous croyions une demoiselle et qui se fit reconduire chez Mme Dutour !

Et cela me déplaisait ; j’avais peur aussi que Valville n’en fût un peu honteux ; peut-être que, m’aimant autant qu’il faisait, ne s’en serait-il pas soucié ; mais