Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/452

Cette page n’a pas encore été corrigée

aille rien du leur. C’est tout ce qu’on vous demande.

Eh ! vous n’y songez pas, madame, vous n’y songez pas, reprit ma mère ; ce n’est ni à vous, ni à personne à régler mes sentiments là-dessus ; je ne suis ni sous votre tutelle, ni sous la leur ; je leur laisse volontiers le droit de conseil avec moi, mais non pas celui de réprimande. C’est vous qui les faites agit et parler, madame, et je suis persuadée qu’aucun d’eux n’avouerait ce que vous leur faites dire à tous.

Vous m’excuserez, madame, vous m’excuserez, s’écria la harpie ; nous n’ignorons pas vos desseins, et ils nous choquent tous aussi. En un mot, votre fils aime trop cette petite fille, et qui pis est, vous le permettez.

Et si en effet je le lui permets, qui est-ce qui pourra le lui défendre ? Quel compte aura-t-il à rendre aux autres ? repartit froidement Mme de Miran. Vous dirai-je encore plus, c’est que j’aurais fort mauvaise opinion de mon fils, c’est que je ferais très peu de cas de son caractère, si lui-même n’en faisait pas beaucoup de cette petite fille, pour parler comme vous, que je ne tiens pourtant pas pour si petite, et qui ne sera telle que pour ceux qui n’auront peut-être que leur orgueil au-dessus d’elle.

À ce dernier mot, le ministre, qui avait écouté tout le dialogue toujours souriant et les yeux baissés, prit sur-le-champ la parole pour empêcher les répliques.

Oui, madame, vous avez raison, dit-il à Mme de Miran ; on ne saurait qu’approuver les bontés que