Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/425

Cette page n’a pas encore été corrigée

le jardin, et on ne m’a laissé avec vous qu’afin de nous procurer le moyen de nous entretenir. On m’avait bien promis que je verrais une très aimable demoiselle, mais j’en trouve encore plus qu’on ne m’en a dit ; d’où il arrive que ce sera avec un tendre amour que je me marierai aujourd’hui, et non pas par raison et par intérêt, comme je le croyais. Oui, mademoiselle, c’est véritablement que je vous aime ; je suis enchanté des perfections que je rencontre en vous, je n’en ai point vu de pareilles ; et c’est ce qui m’a d’abord embarrassé en vous parlant ; car quoique j’aie bien fréquenté des demoiselles, je n’ai encore été amoureux d’aucune. Aussi êtes-vous plus gracieuse que toutes les autres, et c’est à vous à voir ce que vous voulez qu’il en soit. Vous êtes bien mon fait ; il n’y a plus qu’à savoir si je suis le vôtre. Au surplus, mademoiselle, vous pouvez vous enquêter de mon humeur et de mon caractère, je suis sûr qu’on vous en fera de bons rapports ; je ne suis ni joueur, ni débauché, je me vante d’être rangé, je ne songe qu’à faire mon chemin à cette heure que je suis garçon, et je ne serai pas pis quand je serai en ménage. Au contraire, une femme et des enfants vous