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tiendra qu’à vous que nous ayons fait connaissance ensemble pour toujours ; et pour ce qui est de moi, il n’y a pas à douter que je ne le souhaite. Il n’y a rien à quoi j’aspire tant ; c’est ce que la sincère inclination que je me sens pour vous m’engage à vous dire. Il est vrai qu’il n’y a qu’un moment que j’ai l’honneur de voir mademoiselle, et vous me direz que c’est avoir le cœur pris bien promptement ; mais c’est le mérite et la physionomie des gens qui règlent cela. Certainement je ne m’attendais pas à tant de charmes ; et puisque nous sommes sur ce sujet, je prendrai la liberté de vous assurer que tout mon désir est d’être assez fortuné pour vous convenir, et pour obtenir la possession d’une aussi charmante personne que mademoiselle.

Comment, monsieur ! repris-je, négligeant de répondre à d’aussi pesantes et d’aussi grossières protestations de tendresse, vous ne vous attendiez pas, dites-vous, à tant de charmes ? Est-ce que vous avez su que vous me verriez ici ? En étiez-vous averti ?

Oui, mademoiselle, me repartit-il ; ce n’est pas la peine de vous tenir plus longtemps en suspens ; c’est de moi dont Mlle Cathos vous a entretenue en vous menant ; elle vient de me le dire. Quoi ! m’écriai-je encore, c’est donc vous qui êtes le mari qu’on me propose, monsieur ?

C’est justement votre serviteur, me dit-il ; ainsi vous voyez bien que j’ai raison quand je dis que notre connaissance durera longtemps, si vous en êtes d’avis ; c’était tout exprès que je me promenais dans