Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/423

Cette page n’a pas encore été corrigée

Tant mieux, lui dis-je. Quant à vous, mademoiselle, me repartit-il ; enrhumée ou non, vous n’en avez pas moins le meilleur visage du monde aussi bien que le plus beau.

Monsieur, vous êtes bien honnête, lui répondis-je… Oh ! c’est la vérité. Paris est bien grand, reprit-il, mais il n’y a certainement pas beaucoup de personnes qui puissent se vanter d’être faites comme mademoiselle, ni d’avoir tant de grâces.

Monsieur, lui dis-je, voilà des compliments que je ne mérite point ; je ne me pique pas de beauté, et il n’est pas question de moi, s’il vous plaît. Mademoiselle, je dis ce que je vois, et il n’y a personne à ma place qui ne vous en dît autant et davantage, reprit-il ; vous ne devez pas vous fâcher d’un discours qu’il vous est impossible d’empêcher, à moins que vous ne vous cachiez, et ce serait grand dommage ; car il est certain qu’il n’y a point de dame qui soit si digne d’être considérée. En mon particulier, je me tiens bien heureux de vous avoir vue, et encore plus heureux, si cette occasion, qui m’est si favorable, me procurait le bonheur de vous revoir et de vous présenter mes services.

À moi, monsieur, qui ne vous trouve ici que par hasard, et qui, suivant toute apparence, ne vous retrouverai de ma vie ?

Eh ! pourquoi de votre vie, mademoiselle ? reprit-il. C’est selon votre volonté, cela dépend de vous ; et si ma personne ne vous était pas désagréable, voici une rencontre qui pourrait avoir bien des suites ; il ne