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Ce jeune homme me parut d’abord assez interdit ; et il débuta par s’asseoir à côté de moi, après m’avoir fait encore une révérence à laquelle je répondis avec beaucoup de froideur.

Voici, dit-il, le plus beau temps du monde, et cette allée-ci est charmante, c’est comme si on était à la campagne. Oui, repartis-je. Et puis la conversation tomba ; je ne m’embarrassais guère de ce qu’elle deviendrait.

Apparemment qu’il cherchait comment il la relèverait, et le seul moyen dont il s’avisa pour cela, ce fut de tirer sa tabatière, et puis, me la présentant ouverte : Mademoiselle en use-t-elle ? me dit-il. Non, monsieur, répondis-je.

Et le voilà encore à ne savoir que dire. Les monosyllabes, dont j’usais pour parler comme lui, n’étaient d’aucune ressource. Comment faire ?

Je toussai. Mademoiselle est-elle enrhumée ? Ce temps-ci cause beaucoup de rhumes ; hier il faisait froid, aujourd’hui il fait chaud, et ces changements de temps n’accommodent pas la santé. Cela est vrai, lui dis-je.

Pour moi, reprit-il, quelque temps qu’il fasse, je ne suis point sujet aux rhumes ; je ne connais pas ma poitrine ; rien ne m’incommode.