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chemin, il ne serait pas juste de vous en priver. Attendez un moment, je vais bientôt rejoindre cette religieuse en question, et ce sera elle qui vous satisfera.

Vous m’avouez, au reste, que vous avez laissé lire mes aventures à plusieurs de vos amis. Vous me dites qu’il y en a quelques-uns à qui les réflexions que j’y fais souvent n’ont pas déplu ; qu’il y en a d’autres qui s’en seraient bien passés. Je suis à présent comme ces derniers, je m’en passerai bien aussi, ma religieuse de même. Ce ne sera pas une babillarde comme je l’ai été ; elle ira vite, et quand ce sera mon tour à parler, je ferai comme elle.

Mais je songe que ce mot de babillarde, que je viens de mettre là sur mon compte, pourrait fâcher d’honnêtes gens qui ont aimé mes réflexions. Si elles n’ont été que du babil, ils ont donc eu tort de s’y plaire, ce sont donc des lecteurs de mauvais goût. Non pas, messieurs, non pas ; je ne suis point de cet avis ; au contraire, je n’oserais dire le cas que je fais de vous, ni combien je me sens flattée de votre approbation là-dessus. Quand je m’appelle une babillarde, entre nous, ce n’est qu’en badinant, et que par complaisance pour ceux qui m’ont peut-être trouvée telle ; et la vérité est que je continuerais de l’être, s’il n’était pas plus aisé de ne l’être point. Vous me faites beaucoup d’honneur, en approuvant que je réfléchisse ; mais aussi ceux qui veulent que je m’en tienne au simple récit des faits me font grand plaisir ; mon amour-propre est pour vous, mais ma paresse se déclare