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goût naturel, ou, si vous voulez, je ne sais quelle vanité délicate qui me les apprenait tout d’un coup, et ma femme de chambre ne me sentit point novice.

À peine achevait-elle de m’habiller, que j’entendis la voix de Mlle de Fare qui approchait, et qui parlait à une autre personne qui, était avec elle. Je crus que ce ne pouvait être que Valville ; et je voulais aller au-devant d’elle ; elle ne m’en donna pas le temps, elle entra.

Ah ! madame, devinez avec qui, devinez ! Voilà ce qu’on peut appeler un coup de foudre.

C’était avec cette marchande de toile chez qui j’avais demeuré en qualité de fille de boutique, avec Mme Dutour, de qui j’ai dit étourdiment, ou par pure distraction, que je ne parlerais plus, et qui, en effet, ne paraîtra plus sur la scène.

Mlle de Fare accourut d’abord à moi, et m’embrassa d’un air folâtre ; mais ce fatal objet, cette misérable Mme Dutour venait de frapper mes yeux, et elle n’embrassa qu’une statue : je restai