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chez Madame. Allez, je passerai tantôt moi-même à votre couvent ; et demain, suivant l’état où sera mon frère, j’irai sur les cinq heures du soir vous reprendre, ou je vous enverrai chercher.

Puisque vous me le permettez, je n’hésiterai point, madame, répondis-je.

On se leva de table. Valville me parut charmé qu’on eût lié cette petite partie ; je devinai ce qui lui en plaisait ; c’est qu’elle nous convainquait encore de la sincérité des promesses de Mme de Miran ; non seulement cette dame laissait croire que j’étais destinée à son fils, mais elle me laissait aller dans le monde sur ce pied-là : y avait-il de procédé plus net, et n’était-ce pas là s’engager à ne se dédire jamais ?

Sortons de chez M. de Climal. Mme de Fare ne put le voir ; on dit qu’il reposait ; et dans l’instant que nous allions partir, Valville, par quelques discours qu’il tint adroitement, engagea cette dame à lui proposer de nous suivre et de venir souper chez elle.

Il fait le plus beau temps du monde, lui dit-elle, vous reviendrez ce soir ou demain matin, si vous l’aimez mieux. Me le permettez-vous aussi ? dit en riant Valville à Mme de Miran, dont il était bien aise d’avoir l’approbation. Oui-da, mon fils, reprit-elle, vous pouvez y aller ; aussi bien ne me retirerai-je d’ici que fort tard. Et là-dessus nous prîmes congé d’elle, et nous partîmes.

Nous voici arrivés ; je vis une très belle maison ; nous nous y promenâmes beaucoup ; tout m’y rendait l’âme satisfaite. J’y étais avec un homme que