Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/336

Cette page n’a pas encore été corrigée

méprisable. Eh bien ! encore une fois, Dieu soit loué ! Je ne puis rien ajouter à ce que, vous dites ; nous ne sommes point dans le tribunal de la pénitence, et je ne suis ici qu’un pécheur comme vous. Mais voilà qui est bien, soyez en repos, nous sentons tous votre néant, aussi bien que le nôtre. Oui, monsieur, ce n’est plus vous en effet que nous estimons ; ce n’est plus cet homme de péché et de misère : c’est l’homme que Dieu a regardé, dont il a eu pitié, et sur qui nous voyons qu’il répand la plénitude de ses miséricordes. Puissions-nous, ô mon Sauveur ! nous qui sommes les témoins des prodiges que votre grâce opère en lui, puissions-nous finir dans de pareilles dispositions ! Hélas ! qui de nous n’a pas de quoi se confondre et s’anéantir devant la justice divine ? Chacun de nous n’a-t-il pas ses offenses, qui, pour être différentes, n’en sont peut-être pas moins grandes ? Ne parlons plus des vôtres, en voilà assez, monsieur, en voilà assez ; puisque vous les pleurez, Dieu vous aime, et ne vous a pas abandonné ; vous tenez de lui ce courage avec lequel vous nous les avouez ; cette effusion de cœur est un gage de sa bonté pour vous ; vous lui devez non seulement la patience avec laquelle il vous a souffert, mais encore cette douleur et ces larmes qui vous réconcilient avec lui, et qui font un spectacle dont les anges mêmes se réjouissent. Gémissez donc, monsieur, gémissez, mais en lui disant : Ô mon Dieu ! vous ne rejetterez point un cœur contrit et humilié. Pleurez, mais avec confiance, avec la consolation d’espérer