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la main ; il n’y a point de temps à perdre, mon oncle se meurt, et il vous attend.

Moi, monsieur ! repris-je en respirant plus à l’aise (car sa façon de me parler me rassurait, et puis cet oncle mourant ne me paraissait plus si dangereux ; un homme qui se meurt voudrait-il finir sa vie par un crime ? Cela n’est pas vraisemblable).

Moi, monsieur, m’écriai-je donc, et d’où vient m’attend-il ? Que peut-il me vouloir ? Nous n’en savons rien, me répondit-il ; mais ce matin, il a demandé à ma mère si elle connaissait particulièrement la jeune personne qu’elle avait saluée au couvent ces jours passés ; ma mère lui a dit qu’oui, lui a même appris en peu de mots de quelle façon vous vous étiez connues à ce couvent, et ne lui a point caché que c’était elle qui vous y avait mise. Là-dessus : Vous pouvez donc la faire venir, a-t-il répondu, et je vous prie de l’envoyer chercher ; il faut que je la voie, j’ai quelque chose à lui dire avant que je meure ; et ma mère aussitôt a écrit à votre abbesse de vous permettre de sortir ; voilà tout ce que nous pouvons vous en dire.

Hélas ! lui répondis-je, cette envie qu’il a de me voir m’a d’abord fait peur ; je me suis figurée, en partant, qu’il y avait quelque mauvaise volonté de sa part. Vous vous êtes trompé, reprit-il, du moins paraît-il dans des disposition à bien éloignées