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Dorsin, avec un nouvel ordre de me parer, qui fut suivi d’une parfaite obéissance.

Elle arriva donc. Il y avait huit jours que je n’avais Valville, et je vous avoue que le temps m’avait duré ; j’espérais le trouver à la porte du couvent comme la première fois ; je m’y attendais, je n’en doutais pas, et je pensais mal.

Mme de Miran avait prudemment jugé à propos de ne le pas amener avec elle, et je ne fus reçue que par un laquais, qui me conduisit à son carrosse. J’en fus interdite, ma gaieté me quitta tout d’un coup ; je pris pourtant sur moi, et je m’avançai avec un découragement intérieur que je voulais cacher à Mme de Miran ; mais il aurait fallu n’avoir point de visage ; le mien me trahissait, on y lisait mon trouble, et malgré que j’en eusse, je m’approchai d’elle avec un air de tristesse et d’inquiétude, dont je la vis sourire dès qu’elle m’aperçut. Ce sourire me remit un peu le cœur, il me parut un bon signe. Montez, ma fille, me dit-elle. Je me plaçai, et puis nous partîmes.

Il manque quelqu’un ici, n’est-il pas vrai ? ajouta-t-elle toujours en souriant. Eh ! qui donc, ma mère ? repris-je, comme si je n’avais pas été au fait. Eh ! qui, ma fille ? s’écria-t-elle ; tu le sais encore mieux que moi, qui suis sa mère. Ah ! c’est M. de Valville, répondis-je ; eh ! mais je m’imagine que nous le retrouverons chez Mme Dorsin.

Point du tout, me dit-elle ; c’est encore mieux que cela ; il nous attend chez un de ses amis chez qui nous