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allait, et moi je restais ; et il me semble que la condition de ceux qui restent est toujours plus triste que celle des personnes qui s’en vont. S’en aller, c’est un mouvement qui dissipe, et rien ne distrait les personnes qui demeurent ; c’est elles que vous quittez, qui vous voient partir, et qui se regardent comme délaissées, surtout dans un couvent, qui est un lieu où tout ce qui se passe est si étranger à ce que vous avez dans le cœur, un lieu où l’amour est si dépaysé, et dont la clôture qui vous enferme rend ces sortes de séparations plus sérieuses et plus sensibles qu’ailleurs.

D’un autre côté aussi, j’avais de grandes raisons de gaieté et de consolation. Valville m’aimait, il lui était permis de m’aimer, je ne risquais rien en l’aimant, et nous étions destinés l’un à l’autre ; voilà d’agréables sujets de pensées ; et de la manière dont Mme de Miran en agissait, à toute la conduite qu’elle