Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée

Je ne vous dis pas que quelques sœurs converses que je trouvai sur mon chemin, en descendant de chez moi, me parurent surprises de me voir si jolie. Jésus ! mignonne, que vous êtes belle ! s’écrièrent-elles avec une simplicité naïve à laquelle je pouvais me fier.

je vis Valville prêt à s’écrier à son tour. Il se retint : la tourière était présente, et il ne s’expliqua que par un serrement de main que j’approuvai d’un petit regard qui n’en fut que plus doux pour être timide.

M. de Climal ne se porte pas bien, me dit-il dans le trajet ; il a un peu de fièvre depuis deux jours. Tant pis, répondis-je, je ne lui veux point de mal, et il faut espérer que ce ne sera rien ; là-dessus nous arrivâmes au carrosse.

Allons, monte, Marianne, me dit ma bienfaitrice ; hâtons-nous, il se fait tard. Et je montai.

Tu es fort bien, ajouta-t-elle en m’examinant, fort bien. Oui, dit Valville avec un souris, grâce à sa beauté et à sa figure, elle est on ne peut pas mieux.

Ecoute, Marianne, reprit Mme de Miran, tu sais que nous allons dîner chez Mme Dorsin ; il y aura du. monde, et nous sommes convenues toutes deux que je t’y mènerais comme la fille d’une de mes meilleures amies qui est morte, qui était en province, et qui en mourant t’a confiée à mes soins. Souviens-toi de cela ; et ce que je dirai est presque vrai : j’aurais aimé ta mère si je l’avais connue ; je la regarde comme une amie que j’ai perdue ; ainsi je ne tromperai personne.