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Imaginez-vous ce que je deviens quand je pense que j’épouserai Valville, et combien de fois mon âme en tressaille ; et si, avec tant de tressaillements, j’avais le sang bien reposé.

Les deux premiers jours je fus simplement enchantée ; ensuite il s’y joignit de l’impatience. Oui, j’épouserai Valville, Mme de Miran me l’a dit, me l’a promis ; mais cet événement, quand arrivera-t-il ? Je vais demeurer encore un mois ici ; on doit me mettre après dans un autre couvent, afin de prendre des mesures pour ce mariage ; mais ces mesures seront-elles bien longues à prendre ? ira-t-on vite ? On n’en sait rien ; on ne fixe aucun temps, on peut changer de sentiment ; et ces pensées altéraient extrêmement ma satisfaction ; j’en souffrais quelquefois presque autant que d’un vrai chagrin ; j’aurais voulu pouvoir sauter de l’instant où j’étais à l’instant de ce mariage.

Enfin ces agitations, tant agréables que pénibles, s’affaiblirent et se passèrent : l’âme s’accoutume à