Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée

qui lui était ordinaire. Oh ! que penserait-il de cette familiarité ? Quelles suites fâcheuses n’en pouvait-il pas prévoir ? Madame, concevez combien il me trouverait redoutable pour sa gloire, et combien un méchant qui vous craint est lui-même à craindre.

Et tout ce que je vous dis là m’agitait confusément.

Son neveu fut le premier qui m’aperçut, et qui me salua avec je ne sais quel air de gaieté et de confiance qui était de bon augure pour nos affaires. M. de Climal, qui s’asseyait en ce moment, ne le vit point me saluer, et parlait au cavalier qui était auprès de Mme de Miran.

Cette dame les écoutait, et ne regardait point encore du côté des religieuses. Enfin elle jeta les yeux sur nous, et m’aperçut.

Ce furent aussitôt de profondes révérences de ma part, qui m’attirèrent de la sienne de ces démonstrations qui se font avec la main, et qui signifiaient : Ah ! bonjour, ma chère enfant, te voilà ! Son frère, qui tirait alors de sa poche une espèce de bréviaire, remarqua ces démonstrations, les suivit de l’œil, et vit sa petite lingère qui ne paraissait pas avoir beaucoup perdu en le congédiant, et dont les ajustements ne devaient pas lui faire regretter le paquet de hardes malhonnêtes qu’elle lui avait renvoyées.