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mon refus n’était qu’une ruse. Je fis donc prier Valville de trouver bon que je ne le visse point, à moins qu’il ne vînt de la part de sa mère, ce que je ne présumais point, puisqu’elle ne m’avait pas avertie, comme en effet elle ignorait sa visite.

Valville n’osa me tromper, et fut, assez sage pour se retirer. Ce trait de prudence rusée me coûta extrêmement ; je commençais à me le reprocher, quand il me fit dire qu’il me reverrait le lendemain avec Mme de Miran. Et voici à propos de quoi il pouvait m’en assurer : c’est que le lendemain il devait y avoir une cérémonie dans notre couvent ; une jeune religieuse y faisait sa profession, et ses parents en avaient invité toute la famille de Valville, la mère, le fils, l’oncle et toute la parenté ; ce que j’appris après, et ce que je présumai au moment où je les vis dans l’église.

Vous savez qu’en de pareilles fêtes les religieuses paraissent à découvert, et qu’on tire le rideau de leur grille ; observez aussi que je me mettais ordinairement fort près de cette grille. Mme de Miran était arrivée si tard, avec toute sa compagnie, qu’elle n’eut que le temps d’entrer tout de suite dans l’église. Je vous ai dit que j’ignorais qu’elle fût invitée, et ce fut pour moi une agréable surprise, lorsque je la vis qui traversait pour venir se placer près de notre grille ;