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j’ignorais le nom du couvent quand j’y suis entrée ; mais l’homme dont j’ai été obligée de me servir pour faire porter mes hardes ici est de son quartier ; ce sera lui qui le lui aura appris, et puis M. de Valville, qui me fit suivre par un laquais, lorsque je sortis de chez lui en fiacre, et qui a su que j’étais descendue chez Mme Dutour, a sans doute interrogé cette bonne dame, qui n’aura pas manqué de lui apprendre tout ce qu’elle en savait. C’est ce que j’en puis juger, car pour moi il n’y a point de ma faute : je n’ai contribué en rien à tout ce qui est arrivé ; et une marque de cela, c’est que depuis ce temps-là je n’ai entendu parler de M. de Valville que d’aujourd’hui ; il ne m’a donné sa lettre que cet après-midi, encore ne me l’a-t-il rendue que par finesse.

Je n’eus pas plutôt lâché ce dernier mot que j’en sentis toute la conséquence : c’était engager Mme de Miran à m’en demander l’explication, et le déguisement de Valville était un article que j’aurais peut-être pu soustraire à sa connaissance, sans blesser la sincérité dont je me piquais avec elle ; et j’étais indiscrète, à force de candeur.

Mais enfin le mot était dit, et Mme de Miran n’avait plus besoin que je l’expliquasse, elle savait déjà ce qu’il signifiait. Par finesse ! me répondit-elle ; je suis donc au fait, et voici comment.

C’est qu’en sortant de carrosse dans la cour du couvent, j’ai vu par hasard un jeune homme en livrée qui descendait de ce parloir-ci, et j’ai trouvé qu’il ressemblait tant à mon fils, que j’en ai été