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témoignez un cœur si généreux, que je ne ferai point difficulté de parler devant vous, madame. Il ne faut pas vous retirer, vous ne me gênerez point ; au contraire, c’est un bonheur pour moi que vous soyez ici : vous m’aiderez à obtenir de madame la grâce que je viens lui demander à genoux (je m’y jetai en effet), et qui est de vouloir bien me recevoir chez elle.

Eh ! ma belle enfant, que vous me touchez ! me répondit la prieure en me tendant les bras de l’endroit où elle était, pendant que la dame me relevait affectueusement, Que je me félicite du choix que vous avez fait de ma maison ! En vérité, quand je vous ai vue, j’ai eu comme un pressentiment de ce qui vous amène : votre modestie m’a frappée. Ne serait-ce pas une prédestinée qui me vient ? ai-je pensé en moi-même. Car il est certain que votre vocation est écrite sur votre visage : n’est-il pas vrai, madame ? Ne trouvez-vous pas comme moi ce que je vous dis là ? Qu’elle est belle ! qu’elle a l’air sage ! Ah ! ma fille, que je suis ravie ! que vous me donnez de joie !