Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/202

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dieu qui permet qu’elle me fasse songer à cela, me dis-je toute attendrie de la douceur avec laquelle elle me pressait, et tout de suite, : Oui, madame, lui répondis-je, je souhaiterais bien parler à Mme la prieure, si elle en a le temps.

Eh bien ! ma belle demoiselle, venez, reprit-elle, suivez-moi ; je vais vous mener à son parloir, et elle s’y rendra un moment après. Allons.

Je la suivis donc ; nous montâmes un petit escalier, elle ouvrit une porte, et le premier objet qui me frappe, c’est cette dame dont je vous ai parlé, que je n’avais vue que lorsqu’elle sortit de l’église, et qui, en sortant, m’avait regardée d’une manière si obligeante.

Elle me parut encore charmée de me revoir, et se leva d’un air caressant pour me faire place.

Elle était avec la prieure du couvent, et je vous ai instruite de ce qui était cause de sa visite.

Madame, dit la tourière à la religieuse, j’allais vous avertir ; c’est mademoiselle qui vous demande.

Cette prieure était une petite personne courte, ronde et blanche, à double menton, et qui avait le teint frais, et reposé. Il n’y a point de ces mines-là dans le monde ;