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service par le moyen de mes connaissances, ne m’épargnez pas. Au surplus, je vous conseille une chose ; c’est de vous défaire de cette robe que M. de Climal vous a donnée. Vous ne pourriez plus honnêtement la porter à cette heure que vous allez être pauvre et sans ressource ; elle serait trop belle pour vous, aussi bien que ce linge si fin, qui ne servirait qu’à faire demander où vous l’avez pris. Croyez-moi, quand on est gentille, et à votre âge, pauvreté et bravoure n’ont pas bon air ensemble : on ne sait qu’en dire. Ainsi point d’ajustement, c’est mon avis ; ne gardez que les hardes que vous aviez quand vous êtes entrée ici, et vendez le reste. Je vous l’achèterai même si vous voulez ; non pas que je m’en soucie beaucoup, mais j’avais dessein de m’habiller ; et pour vous faire plaisir, tenez, je m’accommoderai de votre robe. Je suis un peu plus grasse que vous, mais vous êtes un peu plus grande ; et comme elle est ample, j’ajusterai cela, je tâcherai qu’elle me serve ; à l’égard du linge, ou je vous le payerai, ou je vous en donnerai d’autre.

Non, madame, lui dis-je froidement : je ne vendrai rien, parce que j’ai résolu, et même promis, de remettre tout à M. de Climal.