Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/158

Cette page n’a pas encore été corrigée

a une petite maison fort jolie, où il y a un appartement que vient de quitter un homme de province à qui il le louait ; et cet appartement, j’irai dès ce soir le retenir, pour vous : vous serez là on ne peut pas mieux, surtout venant de ma part. Ce sont de bonnes gens qui seront charmés de vous avoir, qui s’en tiendront honorés, d’autant plus que vous y paraîtrez d’une manière convenable, et qui vous y fera respecter : vous y arriverez sous le titre d’une de mes parentes, qui n’a plus ni père ni mère, que j’ai retirée de la campagne, et dont je veux prendre soin ce qui, joint à la forte pension que vous y payerez (car vous mangerez avec eux), à la parure qu’ils vous verront, à l’ameublement que vous aurez dans deux jours, aux maîtres que je vous donnerai (maîtres de danse, de musique, de clavecin, comme il vous plaira) ; ce qui, joint, dis-je, à la façon dont j’en agirai avec vous quand j’irai vous voir, achèvera de vous rendre totalement la maîtresse chez eux. N’est-il pas vrai ? Il n’y a point à hésiter, ne perdons point de temps, Marianne ; et pour préparer la Dutour à votre sortie, dites-lui ce soir que vous ne vous sentez pas propre à son négoce, et que vous allez dans un couvent où, demain matin, on doit vous mener sur les dix heures ; en conformité de quoi je vous enverrai la femme de l’homme en question, qui viendra en effet vous prendre avec un carrosse, et qui vous conduira chez elle, où vous me trouverez. N’en êtes-vous pas d’accord, dites ? et ne voulez-vous pas bien aussi que, pour vous encourager,