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PREMIÈRE PARTIE


Avant que de donner cette histoire au public, il faut lui apprendre comment je l’ai trouvée[1].

Il y a six mois que j’achetai une maison de campagne à quelques lieues de Rennes, qui, depuis trente ans, a passé successivement entre les mains de cinq ou six personnes. J’ai voulu faire changer quelque chose à la disposition du premier appartement, et dans une armoire pratiquée dans l’enfoncement

  1. Il faut lui apprendre comment je l’ai trouvée. Créer une origine au roman qu’on invente, fiction bien commune aujourd’hui, neuve et piquante encore à l’époque où l’employait Marivaux. Nous retrouvons le même genre de début dans les Lettres Persanes et dans quelques autres ouvrages du XVIIe siècle. Quand une littérature n’a déjà plus toute la fraîcheur de la jeunesse, il est naturel que les écrivains cherchent partout de nouveaux moyens d’illusion. Marivaux s’est borne judicieusement à un préambule de quelques lignes. Le romancier de notre siècle, sir Walter Scott, se complaît dans ces sortes d’introductions, et ne craint pas de leur donner des développement beaucoup plus considérables.