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Oui, madame, vous avez raison, il y a trop longtemps que vous attendez la suite de mon histoire ; je vous en demande pardon ; je ne m’excuserai point, j’ai tort et je commence.

Je vous ai dit qu’on frappa à la porte pendant que Mme Dutour me prêchait une économie dont elle approuvait pourtant que je me dispensasse à son profit, c’est-à-dire à sa fête, à celle de Toinon, à la mienne, et à de certains jours de réjouissance où ce serait fort bien fait de dépenser mon argent pour la régaler elle et sa maison.

C’était donc là à peu près ce qu’elle me disait, quand le bruit qu’on fit à la porte l’interrompit. Qui est là ? cria-t-elle tout de suite, et sans se lever ; qui est-ce qui frappe ? Je venais d’entendre arrêter un carrosse ; et comme on répondit au qui est là de Mme Dutour, il me sembla reconnaître la voix de la personne qui répondait. Je pense que c’est M. de Climal, lui dis-je. Croyez-vous ? me dit-elle en courant vite. Et je ne me trompais point, c’était lui-même.

Eh ! mon Dieu, monsieur, je vous fais bien excuse ; vraiment, je me serais bien plus pressée, si