par être méchant, et puis finit par être humain. Se querelle-t-on, il excite, il anime ; veut-on se battre, il sépare. En d’autres pays, il laisse faire, parce qu’il continue d’être méchant.
Celui de Paris n’est pas de même ; il est moins canaille, et plus peuple que les autres peuples.
Quand il accourt en pareils cas, ce n’est pas pour s’amuser de ce qui se passe, ni comme qui dirait pour s’en réjouir ; non, il n’a pas cette maligne espièglerie-là : il ne va pas rire, car il pleurera peut-être, et ce sera tant mieux pour lui. Il va voir, il va ouvrir des yeux stupidement avides, il va jouir bien sérieusement de ce qu’il verra. En un mot, alors, il n’est ni polisson, ni méchant, et c’est en quoi j’ai dit qu’il était moins canaille ; il est seulement curieux, d’une curiosité sotte et brutale, qui ne veut ni bien ni mal à personne, qui n’entend point d’autre finesse que de venir se repaître de ce qui arrivera. Ce sont des émotions d’âme que ce peuple demande ; les plus fortes sont les meilleures : il cherche à vous plaindre si on vous outrage, à s’attendrir pour vous si on vous blesse, à frémir pour votre vie si on la menace ; voilà ses délices ; et si votre ennemi n’avait pas assez de place pour vous battre, il lui en ferait lui-même, sans en être plus malintentionné, et lui dirait volontiers : Tenez, faites à votre aise, et ne nous retranchez rien du plaisir que nous avons à frémir pour ce malheureux. Ce n’est pourtant pas les choses cruelles qu’il aime, il en a peur, au contraire ; mais il aime l’effroi qu’elles lui donnent : cela remue son