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Le mauvais exemple débauche. Mme Dutour, qui s’était maintenue jusque-là dans les bornes d’une assez digne fierté, ne put résister à cette dernière brutalité du cocher : elle laissa là le rôle de femme respectable qu’elle jouait, et qui ne lui rapportait rien, se mit à sa commodité, en revint à la manière de quereller qui était à son usage, c’est-à-dire aux discours d’une commère de comptoir subalterne ; elle ne s’y épargna pas.

Quand l’amour-propre, chez les personnes comme elle, n’est qu’à demi fâché, il peut encore avoir soin de sa gloire, se posséder, ne faire que l’important, et garder quelque décence ; mais dès qu’il est poussé à bout, il ne s’amuse plus à ces fadeurs-là, il n’est plus assez glorieux pour prendre garde à lui ; il n’y a plus que le plaisir d’être bien grossier et de se déshonorer tout à son aise qui, le satisfasse.

De ce plaisir-là, Mme Dutour s’en donna sans discrétion. Attends ! attends ! ivrogne, avec ton fichu des dimanches : tu vas voir la Perrette qu’il te faut ; je vais te la montrer, moi, s’écria-t-elle en courant se saisir de son aune qui était à côté du comptoir.

Et quand elle fut armée : Allons, sors d’ici ; s’écria-