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avec les amoureuses folies qui vous en parent.

Et moi, je retourne toujours aux réflexions, et je vous avertis que je ne me les reprocherai plus. Vous voyez bien que je n’y gagne rien et que je suis incorrigible ; ainsi tâchons toutes deux de n’y plus prendre garde.

J’ai laissé Valville désespéré de ce que je voulais partir sans me faire connaître ; mais les pleurs qu’il me vit répandre le calmèrent tout d’un coup. je n’ai jamais rien vu ni de si doux, ni de si tendre que ce qui se peignit alors sur sa physionomie : et en effet, mes pleurs ne concluaient rien de fâcheux pour lui ; ils n’annoncent ni haine, ni indifférence, ils ne pouvaient signifier que de l’embarras.

Hé quoi ! mademoiselle, vous pleurez ? me dit-il en venant se jeter à mes genoux avec un amour où l’on démêlait déjà je ne sais quel transport d’espérance ; vous pleurez ? Eh ! quel est donc le motif de vos larmes ? Vous ai-je dit quelque chose qui vous chagrine ? Parlez, je vous en conjure. D’où vient que je vous vois dans cet état-là ? ajouta-t-il en me prenant une main qu’il accablait de caresses, et que je ne retirais pas, mais que, dans ma consternation, je semblais lui abandonner avec décence, et comme à un homme dont le bon cœur, et non pas l’amour, obtenait de moi cette nonchalance-là.

Répondez-moi, s’écriait-il ; avez-vous d’autres sujets de tristesse ? Et pourriez-vous hésiter d’ouvrir votre cœur à qui vous a donné tout le sien, à qui vous