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s poings, ne vians pas envars moi, car je ne sis pas aisiée, vois-tu bian ; n’y a rien à faire ici pour toi, va-t’en, tu n’es qu’un bélître.

BLAISE

Nous velà tout juste ; velà comme ça se pratique dans noute village ; cet honneur-là qui est tout d’une pièce, est fait pour les champs ; mais à la ville, ça ne vaut pas le diable, tu passerais pour un je ne sais qui.

CLAUDINE

Le drôle de trafic ! mais pourtant je sis mariée : que dirai-je en réponse ?

BLAISE

Oh je vais te bailler le régime de tout ça. Quian, quand quelqu’un te dira : je vous aime bian, Madame, (il rit) ha ha ha ! velà comme tu feras, ou bian, joliment : ça vous plaît à dire. Il te repartira : je ne raille point. Tu repartiras : eh bian ! tope, aimez-moi. S’il te prenait les mains, tu l’appelleras badin ; s’il te les baise : eh bian ! soit ; il n’y a rian de gâté ; ce n’est que des mains, au bout du compte ! s’il t’attrape queuque baiser sur le chignon, voire sur la face, il n’y aura point de mal à ça ; attrape qui peut, c’est autant de pris, ça ne te regarde point ; ça viant jusqu’à toi, mais ça te passe ; qu’il te lorgne tant qu’il voudra, ça aide à passer le temps ; car, comme je te dis, la vartu du biau monde n’est point hargneuse ; c’est une vartu douce que la politesse a bouté à se faire à tout ; alle est folichonne, alle a le mot pour rire, sans façon,