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Iphicrate On m’avait promis que mon esclavage finirait bientôt, mais on me trompe, et c’en est fait, je succombe ; je me meurs, Arlequin, et tu perdras bientôt ce malheureux maître qui ne te croyait pas capable des indignités qu’il a souffertes de toi.

Arlequin

Ah ! il ne nous manquait plus que cela, et nos amours auront bonne mine. Écoute, je te défends de mourir par malice ; par maladie, passe, je te le permets.

Iphicrate

Les dieux te puniront, Arlequin.

Arlequin

Eh ! de quoi veux-tu qu’ils me punissent ? d’avoir eu du mal toute ma vie ?

Iphicrate

De ton audace et de tes mépris envers ton maître ; rien ne m’a été si sensible, je l’avoue. Tu es né, tu as été élevé avec moi dans la maison de mon père ; le tien y est encore ; il t’avait recommandé ton devoir en partant ; moi-même je t’avais choisi par un sentiment d’amitié pour m’accompagner dans mon voyage ; je croyais que tu m’aimais, et cela m’attachait à toi.

Arlequin, pleurant.

Eh ! qui est-ce qui te dit que je ne t’aime plus ?

Iphicrate

Tu m’aimes, et tu me fais mille injures ?