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autant que tu le voudras ; je suis sans asile et sans défense ; je n’ai que mon désespoir pour tout secours, j’ai besoin de la compassion de tout le monde, de la tienne même, Arlequin ; voilà l’état où je suis ; ne le trouves-tu pas assez misérable ? Tu es devenu libre et heureux, cela doit-il te rendre méchant ? Je n’ai pas la force de t’en dire davantage : je ne t’ai jamais fait de mal ; n’ajoute rien à celui que je souffre.

Arlequin, abattu et les bras abaissés, et comme immobile.

J’ai perdu la parole.


Scène IX

Iphicrate, Arlequin.

Iphicrate

Cléantis m’a dit que tu voulais t’entretenir avec moi ; que me veux-tu ? as-tu encore quelques nouvelles insultes à me faire ?

Arlequin

Autre personnage qui va me demander encore ma compassion. Je n’ai rien à te dire, mon ami, sinon que je voulais te faire commandement d’aimer la nouvelle Euphrosine ; voilà tout. À qui diantre en as-tu ?

Iphicrate

Peux-tu me le demander, Arlequin ?

Arlequin

Eh ! pardi, oui, je le peux, puisque je le fais.