Scène V
PHOCION, AGIS
, à part.
J’ai bien fait de les intimider. Mais voici Agis.
Je vous retrouve donc, Aspasie, et je puis un moment vous parler en liberté. Que n’ai-je pas souffert de la contrainte où je me suis vu ! J’ai presque haï Hermocrate et Léontine de toute l’amitié qu’ils vous marquent ; mais qui est-ce qui ne vous aimerait pas ? Que vous êtes aimable, Aspasie, et qu’il m’est doux de vous aimer !
Que je me plais à vous l’entendre dire, Agis ! Vous saurez bientôt, à votre tour, de quel prix votre cœur est pour le mien. Mais, dites-moi ; cette tendresse, dont la naïveté me charme, est-elle à l’épreuve de tout ? Rien n’est-il capable de me la ravir ?
Non ; je ne la perdrai qu’en cessant de vivre.
Je ne vous ai pas tout dit, Agis ; vous ne me connaissez pas encore.
Je connais vos charmes ; je connais la douceur des sentiments