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qu’il m’avait accordée, et je suis dans un trouble inexprimable.

LÉONTINE

Oui, Phocion ; Hermocrate, par une opiniâtreté qui me paraît sans fondement, refuse de tenir la parole qu’il m’a donnée : vous m’allez dire que je le presse encore ; mais je viens vous avouer que je n’en ferai rien.

PHOCION

Vous n’en ferez rien, Léontine ?

LÉONTINE

Non, ses refus me rappellent moi-même à la raison.

PHOCION

Et vous appelez cela retrouver la raison ? Quoi ? ma tendresse aura borné mes vues ; je n’aurai cherché qu’à vous la dire, je vous l’aurai dite, je me serai mis hors d’état de guérir jamais, j’aurai même espéré de vous toucher, et vous voulez que je vous quitte ! Non, Léontine, cela n’est pas possible ; c’est un sacrifice que mon cœur ne saurait plus vous faire : moi, vous quitter ! eh ! où voulez-vous que j’en trouve la force ? me l’avez-vous laissée ? voyez ma situation. C’est à votre vertu même à qui je parle, c’est elle que j’interroge ;