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dans cet âge où l’âme, moins dissipée, ajoute à la beauté des traits un rayon de la finesse qu’elle a acquise.

LÉONTINE

, embarrassée.

Je ne sais de qui vous parlez, Seigneur, cette dame-là m’est inconnue, et c’est sans doute un portrait trop flatteur.

PHOCION

Celui que j’en garde dans mon cœur est mille fois au-dessus de ce que je vous peins là, Madame. Je vous ai dit que je passais pour aller plus loin ; mais cet objet m’arrêta, et je ne le perdis point de vue, tant qu’il me fut possible de le voir. Cette dame s’entretenait avec quelqu’un, elle souriait de temps en temps, et je démêlais dans ses gestes je ne sais quoi de doux, de généreux et d’affable, qui perçait à travers un maintien grave et modeste.

LÉONTINE

, à part.

De qui parle-t-il ?

PHOCION

Elle se retira bientôt après, et rentra dans une maison que je remarquai. Je demandai qui elle était, et j’appris qu’elle est la sœur d’un homme célèbre et respectable.

LÉONTINE

, à part.

Où suis-je ?

PHOCION

Qu’elle n’est point mariée, et qu’elle vit avec ce frère dans une retraite dont elle préfère l’innocent