Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée

je ne suis pas en peine d’en donner deux, et même trois.

SPINETTE

Vous êtes bien le maître de prouver tant qu’il vous plaira, et s’il ne s’agit que de douter du fait, je douterai de reste.

PLUTUS

Voilà pour le doute qui te prend.

Il lui donne une bague.

SPINETTE

Monsieur, munissez-vous encore pour le doute qui me prendra.

PLUTUS

Tu n’as qu’à parler ; mais c’est à condition que tu seras de mes amies.

SPINETTE

, à part.

Quel homme est-ce donc que cela ? (Haut.) Monsieur, vous demandez, à être de mes amis ; comment l’entendez-vous ? Est-ce amourette que vous voulez dire ? La proposition ne serait point de mon goût, et je suis fille d’honneur.

PLUTUS

Oh ! garde ton honneur, ce n’est pas là ma fantaisie.

SPINETTE

Ah !… Votre fantaisie serait un assez bon goût. Mais qu’exigez-vous donc ?

PLUTUS

C’est que j’aime ta maîtresse ; je suis riche, un richissime négociant, à qui l’or et l’argent ne coûtent rien, et je voudrais bien n’aimer pas tout seul.