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COLIN

Morgué ! c’est que cette noce est friande, et mon esprit va toujours trottant enver elle.

ARLEQUIN

Vous avez le goût d’une épaisseur !…

COLIN

Bon, bon ! laissons tout cela ; tenez je m’en vas, je n’aime pas à être à l’école ; je parlerai à l’aventure ; laissez venir Madame Damis ; pisqu’alle est veuve, alle me fera mieux ma leçon que vous. Adieu, mijaurée ; je vous salue, noute magister.


Scène X

ARLEQUIN, COLETTE


ARLEQUIN

, à part.

Velà une éducation qui m’a coûté bien de la peine ; achevons la vôtre, Mademoiselle. Premièrement, je crois qu’il a raison, quand il vous appelle une mijaurée.

COLETTE

Eh pardi ! il n’y a qu’à dire, je serai pus hardie ; car je me retians à cette heure-ci. Tenez, ce n’était que mon frère qui m’en contait, dame ! ça n’affriole pas. Mais, Monsieur le Chevalier, c’est une autre histoire ; sa mine me plaît ; vous varrez, vous varrez comme ça me démène le cœur. Voulez-vous que je lui dise que je l’aime ? ça me fera biaucoup de plaisir.