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de jour à autre me demander votre dû, je ne l’empêche point ; je vous remettrons, et pis vous revianrez, et pis je vous remettrons, et par ainsi de remise en remise le temps se passera honnêtement ; velà comme ça se fait.

LE FISCAL

Mais est-ce que vous vous moquez de moi ?

BLAISE

Mais, morgué ! boutez-vous à ma place. Voulez-vous que je me parde de réputation pour cinquante chétifs francs ? ça vaut-il la peine de passer pour un je ne sais qui en payant ? Pargué ancore faut-il acouter la raison. Si ça se pouvait sans tourner au préjudice de mon état, je le ferions de bon cœur ; j’ons de l’argent, tenez, en velà. Il m’est bian parmis d’en bailler en emprunt, ça se pratique ; mais en paiement, ça ne se peut pas.

LE FISCAL

, à part.

Oh oh, voici mon affaire. Il vous est permis d’en prêter, dites-vous ?

BLAISE

Oh tout à fait parmis.

LE FISCAL

Effectivement le privilège est noble, et d’ailleurs il vous convient mieux qu’à un autre ; car j’ai toujours remarqué que vous êtes naturellement généreux.

BLAISE

, riant et se rengorgeant.

Eh eh, oui, pas mal, vous tornez bian ça. Faut