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à jouer auprès d’elle le personnage que vous y faites ?

LE CHEVALIER

Pour d’excellentes raisons. Vous cherchiez à gagner dix mille écus avec elle, n’est-ce pas ? Pour cet effet, vous réclamiez mon industrie ; et quand j’aurais conduit l’affaire près de sa fin, avant de terminer je comptais de vous rançonner un peu, et d’avoir ma part au pillage ; ou bien de tirer finement le dédit d’entre vos mains, sous prétexte de le voir, pour vous le revendre une centaine de pistoles payées comptant, ou en billets payables au porteur, sans quoi j’aurais menacé de vous perdre auprès des douze mille livres de rente, et de réduire votre calcul à zéro. Oh mon projet était fort bien entendu ; moi payée, crac, je décampais avec mon petit gain, et le portrait qui m’aurait encore valu quelque petit revenant-bon auprès de ma maîtresse ; tout cela joint à mes petites économies, tant sur mon voyage que sur mes gages, je devenais, avec mes agréments, un petit parti d’assez bonne défaite sauf le loup. J’ai manqué mon coup, j’en suis bien fâchée ; cependant vous me faites pitié, vous.

LÉLIO

Ah ! si tu voulais…

LE CHEVALIER

Vous vient-il quelque idée ? Cherchez.

LÉLIO

Tu gagnerais encore plus que tu n’espérais.

LE CHEVALIER

Tenez, je ne fais point l’hypocrite ici ; je ne suis