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JUGEMENT

SUR LA COMÉDIE

DE LA FAUSSE SUIVANTE,

ou

LE FOURBE PUNI.

LE second titre de cette comédie n’est pas exact ; en style de théâtre, l’épithète de fourbe ne s’applique ordinairement qu’à un genre de fripons ou d’escrocs, dans la classe desquels il ne serait pas juste de placer Lélio. Sbrigani, Scapin, sont des fourbes ; le Dorante du Bourgeois gentilhomme, le Cléon du Méchant, le Séducteur du marquis de Bièvre, le Lélio de la Fausse Suivante, sont de fort mauvais sujets, des trompeurs, des scélérats même ; leur conduite est odieuse, mais elle n’emporte pas avec elle l’idée de ce que nous nommons proprement fourberie.

Le premier titre est plus heureux. Une jeune veuve de qualité a eu occasion de voir à Paris Lélio, qu’elle sait être lié par un engagement pécuniaire avec une comtesse dont il recherche la main, ou plutôt dont il désire partager la fortune. Ce Lélio est un homme perdu de réputation, et il s’agit d’éclairer la comtesse sur le danger du mariage qu’elle va contracter. Notre veuve imagine de se rendre au château de son amie, et, pour parvenir plus sûrement à ses