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HORTENSE

Votre rivale ! mais en avez-vous une, ma chère Princesse ? Ne serait-ce pas moi que vous soupçonneriez encore ? parlez-moi franchement, c’est moi, vos soupçons continuent. Lélio, disiez-vous tantôt, m’a regardée pendant la fête, Arlequin en dit autant, vous me condamnez là-dessus, vous n’envisagez que moi : voilà comment l’amour juge. Mais mettez-vous l’esprit en repos ; souffrez que je me retire, comme je le voulais. Je suis prête à partir tout à l’heure, indiquez-moi l’endroit où vous voulez que j’aille, ôtez-moi la liberté, s’il est nécessaire, rendez-la ensuite à Lélio, faites-lui un accueil obligeant, rejetez sa détention sur quelques faux avis ; montrez-lui dès aujourd’hui plus d’estime, plus d’amitié que jamais, et de cette amitié qui le frappe, qui l’avertisse de vous étudier ; et dans trois jours, dans vingt-quatre heures, peut-être saurez-vous à quoi vous en tenir avec lui. Vous voyez comment je m’y prends avec vous ; voilà, de mon côté, tout ce que je puis faire. Je vous offre tout ce qui dépend de moi pour vous calmer, bien mortifiée de n’en pouvoir faire davantage.

LA PRINCESSE

Non, Madame, la vérité même ne peut s’expliquer d’une manière plus naïve. Et que serait-ce donc que votre cœur, si vous étiez coupable après cela ? Calmez-vous, j’attends des preuves incontestables de votre innocence. À l’égard de Lélio, je donne la place à Frédéric, qui n’a péché, j’en suis sûre, que