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crois rien, si vous ne partez. Partez donc, ou soyez mon ennemi mortel ; partez, ma tendresse vous l’ordonne ; ou restez ici l’homme du monde le plus haï de moi, et le plus haïssable que je connaisse.

Elle s’en va comme en colère.

LÉLIO

, d’un ton de dépit.

Je partirai donc, puisque vous le voulez ; mais vous prétendez me sauver la vie, et vous n’y réussirez pas.

HORTENSE

, se retournant de loin.

Vous me rappelez donc à votre tour ?

LÉLIO

J’aime autant mourir que de ne vous plus voir.

HORTENSE

Ah ! voyons donc les mesures que vous voulez prendre.

LÉLIO

, transporté de joie.

Quel bonheur ! je ne saurais retenir mes transports.

HORTENSE

, nonchalamment.

Vous m’aimez beaucoup, je le sais bien ; passons votre reconnaissance, nous dirons cela une autre fois. Venons aux mesures…

LÉLIO

Que n’ai-je, au lieu d’une couronne qui m’attend, l’empire de la terre à vous offrir ?

HORTENSE

, avec une surprise modeste.

Vous êtes né prince ? Mais vous n’avez qu’à me garder votre cœur, vous ne me donnerez rien qui le vaille ; achevons.