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vous aimerai point, je n’en conviendrai jamais. Qui ? moi, vous aimer… vous accorder mon amour pour vous empêcher de régner, pour causer la perte de votre liberté, peut-être pis ! mon cœur vous ferait là de beaux présents ! Non, Lélio, n’en parlons plus, donnez-vous tout entier à la Princesse, je vous le pardonne ; cachez votre tendresse pour moi, ne me demandez plus la mienne, vous vous exposeriez à l’obtenir, je ne veux point vous l’accorder, je vous aime trop pour vous perdre, je ne peux pas vous mieux dire. Adieu, je crois que quelqu’un vient.

LÉLIO

l’arrête.

J’obéirai, je me conduirai comme vous voudrez ; je ne vous demande plus qu’une grâce ; c’est de vouloir bien, quand l’occasion s’en présentera, que j’aie encore une conversation avec vous.

HORTENSE

Prenez-y garde ; une conversation en amènera une autre, et cela ne finira point, je le sens bien.

LÉLIO

Ne me refusez pas.

HORTENSE

N’abusez point de l’envie que j’ai d’y consentir.

LÉLIO

Je vous en conjure.

HORTENSE

, en s’en allant.

Soit ; perdez-vous donc, puisque vous le voulez.