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LA PRINCESSE

Arrête, arrête…

HORTENSE

Tu n’as point dit de sottise ; au contraire, tu me parais de bonne humeur.

ARLEQUIN

Pardi ! je ris toujours ; que voulez-vous ? je n’ai rien à perdre. Vous vous amusez à être riches, vous autres, et moi je m’amuse à être gaillard ; il faut bien que chacun ait son amusette en ce monde.

HORTENSE

Ta condition est-elle bonne ? Es-tu bien avec Lélio ?

ARLEQUIN

Fort bien : nous vivons ensemble de bonne amitié ; je n’aime pas le bruit, ni lui non plus ; je suis drôle, et cela l’amuse. Il me paie bien, me nourrit bien, m’habille bien honnêtement et de belle étoffe, comme vous voyez ; me donne par-ci par-là quelques petits profits, sans ceux qu’il veut bien que je prenne, et qu’il ne sait pas ; et, comme cela, je passe tout bellement ma vie.

LA PRINCESSE

, à part.

Il est aussi babillard que joyeux.

ARLEQUIN

Est-ce que vous savez une meilleure condition pour moi, Madame ?

HORTENSE

Non, je n’en sache point de meilleure que celle