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pas vous ennuyer de moi au moins, je serais désespéré.

ÉGLÉ.

Prenez garde à vous-même, ne vous lassez pas de m’adorer ; en vérité, toute belle que je suis, votre peur m’effraie aussi.

AZOR.

À merveille ! ce n’est pas à vous de trembler… À quoi rêvez-vous ?

ÉGLÉ.

Allons, allons, tout bien examiné, mon parti est pris ; donnons-nous du chagrin ; séparons-nous pour deux heures ; j’aime encore mieux votre cœur et son adoration que votre présence, qui m’est pourtant bien douce.

AZOR.

Quoi ! nous quitter !

ÉGLÉ.

Ah ! si vous ne me prenez pas au mot, tout à l’heure je ne le voudrai plus.

AZOR.

Hélas ! le courage me manque.

ÉGLÉ.

Tant pis, je vous déclare que le mien se passe.

AZOR, pleurant.

Adieu, Églé, puisqu’il le faut.

ÉGLÉ.

Vous pleurez ? eh bien ! restez donc, pourvu qu’il n’y ait point de danger.

AZOR.

Mais, s’il y en avait !