Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/339

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LE PRINCE.

J’en serai donc bientôt puni ; car je vais vous donner de quoi me confondre, si je ne pense pas comme vous.

HERMIANE.

Que voulez-vous dire ?

LE PRINCE.

Oui, c’est la nature elle-même que nous allons interroger ; il n’y a qu’elle qui puisse décider sans réplique la question, et sûrement elle prononcera en votre faveur.

HERMIANE.

Expliquez-vous, je ne vous entends point.

LE PRINCE.

Pour bien savoir si la première inconstance ou la première infidélité est venue d’un homme, comme vous le prétendez, et moi aussi, il faudrait avoir assisté au commencement du monde et de la société.

HERMIANE.

Sans doute, mais nous n’y étions pas.

LE PRINCE.

Nous allons y être ; oui, les hommes et les femmes de ce temps-là, le monde et ses premières amours vont reparaître à nos yeux tels qu’ils étaient, ou du moins tels qu’ils ont dû être ; ce ne seront peut-être pas les mêmes aventures, mais ce seront les mêmes caractères ; vous allez voir le même état de cœur, des âmes tout aussi neuves que les premières, encore plus neuves s’il est possible. (À Carise et à Mesrou.) Carise, et vous, Mesrou, partez ; et quand il sera temps